samedi 26 janvier 2008

Visite au Rwanda de Bernard Kouchner pour renouer le dialogue

Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, qui a entamé vendredi une visite en République démocratique du Congo, est arrivé samedi en fin d'après-midi à Kigali pour une visite symbolique de quelques heures, visant à tenter de renouer le dialogue avec le Rwanda qui a rompu ses relations diplomatiques avec Paris depuis plus d'un an.

Il s'agit de la première visite à Kigali d'un haut responsable français depuis quatre ans, depuis le départ précipité, lors des cérémonies du dixième anniversaire du génocide au Rwanda en avril 2004, du secrétaire d'Etat français aux Affaires étrangères d'alors, Renaud Muselier.

M. Kouchner est arrivé à Kigali en provenance de la République démocratique du Congo (RDC) voisine. Il a été accueilli à l'aéroport de Kigali par son homologue rwandais, Charles Murigande.

Sa visite au Rwanda, qui sera marquée par un entretien avec le président rwandais Paul Kagame, ne doit durer que quelques heures mais elle est hautement symbolique, alors que Kigali a rompu ses relations diplomatiques avec Paris en novembre 2006.

Cette décision avait été prise après que le juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière eut émis des mandats d'arrêt contre neuf proches de l'actuel chef de l'Etat rwandais, Paul Kagame, dans le cadre de l'enquête sur l'attentat, le 6 avril 1994, contre le président rwandais de l'époque, Juvénal Habyarimana.

Cet assassinat avait servi de déclencheur au génocide de 1994, qui a fait, selon l'ONU, environ 800.000 morts, parmi la minorité tutsie et les rebelles hutus.

Les relations entre Paris et Kigali sont en fait extrêmement tendues depuis le génocide, Kigali accusant Paris d'avoir soutenu les forces qui ont commis les massacres de 1994, ce que la France a toujours nié.

Mais depuis quelques mois, elles semblent se dégeler progressivement. Signe le plus tangible de ce rapprochement: en décembre 2007, le président français Nicolas Sarkozy s'est entretenu avec M. Kagame à Lisbonne en marge du sommet Union européenne-Afrique.

La visite de M. Kouchner au Rwanda intervient "dans le processus de normalisation progressive des relations" entre les deux pays, selon le ministère français des Affaires étrangères.

Interrogé samedi par la presse sur une éventuelle réconciliation avec le Rwanda, M. Kouchner a répondu: "C'est un chemin assez long, même si je l'espère rapide".

Le ministre s'est d'abord rendu au mémorial du génocide à Kigali. Il a déposé une gerbe de fleurs sur une fosse commune recouverte de béton, dans laquelle reposent 250.000 victimes des massacres à Kigali en 1994. Il a ensuite observé une minute de silence, avant de poursuivre la visite du mémorial.

En voyant plusieurs photos de corps massacrés dans des églises, il a répété: "J'y étais".

Pendant le génocide, M. Kouchner s'était en effet rendu plusieurs fois au Rwanda pour tenter d'organiser des couloirs humanitaires.

Plus tard samedi, il devait s'entretenir avec le président rwandais, avant de donner une conférence de presse et de quitter le sol rwandais dans la soirée.

M. Kouchner, ancien ministre de la Santé et de l'Action humanitaire, a noué des liens avec M. Kagame pendant le génocide, alors que ce dernier commandait la rébellion tutsie du Front patriotique rwandais (FPR) qui a mis fin aux massacres en juillet 1994.

Pendant le génocide, en mai 1994, il avait lancé sur Radio Rwanda un appel à la population pour qu'elle mette fin "à la barbarie".

M. Kouchner effectue actuellement une mini-tournée en Afrique, qui l'a conduit en RDC et se terminera au Burkina-Faso après le Rwanda.

AFP

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