dimanche 20 janvier 2008

Demande d'amnistie pour les assassins présumés de Kabila père

Sept ans jour pour jour après l'assassinat de Laurent-Désiré Kabila, père et prédécesseur de l'actuel président de la République démocratique du Congo (RDC), les avocats des tueurs présumés appellent à leur amnistie ou à un nouveau procès, a rapporté mercredi la radio Okapi. Les défenseurs de la trentaine de condamnés à mort dans ce dossier déplorent que la loi promulguée en décembre 2005 et qui accorde une amnistie à "tous les Congolais" pour "faits de guerre, infractions politiques et d'opinion" commis entre août 1996 et juin 2003, soit appliquée de manière restrictive et qu'elle exclue les condamnés au procès Kabila. Ils demandent aux parlementaires de réviser cette loi d'amnistie ou, à défaut, d'exiger l'ouverture d'un nouveau procès, respectueux des droits de la défense. "Les députés doivent se saisir du dossier.


Ce sont eux qui légifèrent et doivent constater que l'assassinat d'un chef d'Etat est une infraction politique, et s'ils ne veulent pas, nous leur demandons la réouverture du procès", a déclaré Me Eley Lofelé, au micro de la radio Okapi, parrainée par l'ONU. "La situation politique du pays a évolué et les esprits se sont un peu apaisés", a expliqué l'avocat, plaidant pour que la "vérité" éclate enfin dans ce dossier et que justice soit rendue pour contribuer à "la réconciliation nationale". Laurent-Désiré Kabila, père de l'actuel président Joseph Kabila, a été tué le 16 janvier 2001 dans sa résidence de Kinshasa par un jeune officier de sa garde rapprochée, le lieutenant Rashidi Kuseruka, abattu à son tour par l'aide de camp du chef de l'Etat, le colonel Eddy Kapend. Ce dernier, soupçonné d'être lui-même un des conspirateurs, a été arrêté plus tard, et condamné à mort en même temps qu'une trentaine d'autres suspects le 7 janvier 2003, à l'issue d'un procès fleuve de neuf mois. Les condamnés, emprisonnés, ont toujours clamé leur innocence et dénoncé le caractère arbitraire de la Cour d'ordre militaire qui les a jugés.

Cette juridiction d'exception, qui ne permettait aucun appel de ses verdicts, a été dissoute en avril 2003 après l'adoption d'une Constitution provisoire et l'ouverture d'une période de transition politique en RDC. La famille politique du président Joseph Kabila, qui a succédé à son père à la tête de l'Etat avant d'être élu en octobre 2006, s'est toujours farouchement opposée à une révision du procès et à toute libération des condamnés. Pourtant de nombreuses voix se sont élevées pour appeler à la clémence, dont celles de l'Eglise catholique, d'élus et de plusieurs ONG. Selon la Voix des sans voix, les condamnés sont régulièrement privés de "ration alimentaire" et de "soins médicaux", et leurs conditions de vie à la prison centrale de Kinshasa se sont encore détériorées après l'évasion de plusieurs d'entre eux en octobre 2006. Ce jour anniversaire de la mort de Laurent-Désiré Kabila, dont le mausolée est exceptionnellement ouvert au public, est décrété chômé et payé en RDC, mais aucune célébration particulière n'est prévue.


AFP

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