lundi 28 janvier 2008

Le cessez-le-feu rompu dans l'est du Congo

Des combats ont éclaté dans l'est de la République démocratique du Congo entre miliciens Maï-Maï et rebelles tutsis fidèles au général Laurent Nkunda, rompant un cessez-le-feu conclu il y seulement cinq jours.

Les combattants Maï-Maï de la milice Pareco et les hommes de Nkunda se sont mutuellement accusés d'être responsables de la reprise des combats à l'aube près des villages de Lusirandaka et de Kasake, à environ 70 kilomètres à l'ouest de la ville de Goma, où avait été signé mercredi dernier un accord de paix .

Aucun bilan de ces combats n'est disponible dans l'immédiat et la mission des Nations unies sur place n'a pas été en mesure d'établir quel camp avait repris en premier les hostilités.

Le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le mouvement de Nkunda, et la milice Pareco des Maï-Maï sont parmi les 25 groupes armés qui ont signé l'accord destiné à mettre fin à des années de conflits dans l'est de la RDC.

"C'est une grave violation du cessez-le-feu qui vient juste d'être signé", a déclaré à Reuters Séraphin Mirindi, porte-parole militaire de Nkunda.

"La milice Pareco et les FDLR (des rebelles hutus rwandais) ont tenté d'attaquer nos soldats. Ils ont même pris certaines de nos positions avant d'être repoussés", a-t-il ajouté.

Le porte-parole de la milice Maï-Maï, Théophile Museveni, a mis en cause, lui, les hommes du CNDP pour la violation du cessez-le-feu.

"Nous avons signé (l'accord) et nous respectons notre engagement. Mais si le CNDP ne respecte pas ce qu'il a signé, s'il dit qu'il ne veut pas la paix et si l'Onu ne veut pas réagir, nous devrons bien nous défendre nous-mêmes", a-t-il dit.

UN ACCORD RAPIDEMENT VIOLÉ

L'accord signé mercredi à Goma, capitale du Nord-Kivu, a mis fin à deux semaines de difficiles négociations organisées sous l'égide des Nations unies, de l'Union européenne et des Etats-Unis.

Il impose un cessez-le-feu immédiat et la création d'une zone-tampon où patrouilleront des casques bleus. Le texte prévoit aussi l'instauration d'une commission technique pour superviser le désarmement des rebelles de Nkunda et des Maï-Maï et leur intégration à l'armée nationale ou leur démobilisation.

La mise en oeuvre de l'accord dépend aussi des efforts pour régler la question de la présence dans l'est du Congo de rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), ennemis traditionnels de Nkunda. Ces rebelles hutus rwandais n'ont pas été invités à la conférence de paix de Goma.

Le Congo a signé à la fin de l'an dernier avec le Rwanda un accord promettant de chasser les FDLR, dont certains chefs sont responsables du génocide de 1994 au Rwanda, qui a coûté la vie à 800.000 Tutsis et Hutus modérés.

Nkunda a justifié sa rébellion, en 2004, par la nécessité de protéger la minorité tutsie de l'est du Congo contre les attaques des FDLR.

Au cours de l'année écoulée, les combats entre soldats gouvernementaux, miliciens Maï-Maï et insurgés tutsis fidèles à ont entraîné le déplacement de 400.000 civils.

D'après l'ONG International Rescue Committee (IRC), le conflit et la crise humanitaire qui l'a accompagné ont fait 5,4 millions de morts en une décennie, plus que n'importe quel autre conflit depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les combats, la maladie et la malnutrition tuent chaque mois 45.000 personnes en République démocratique du Congo, estime l'IRC dans une étude publiée mardi dernier.

Les premières causes de mortalité dans le pays, aggravées par les combats, sont le paludisme, la dysenterie, la pneumonie et la malnutrition.

Version française Guy Kerivel
Reuters

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