mardi 22 janvier 2008

Des désaccords menacent la signature de la trêve au Nord-Kivu

Des désaccords de dernière minute entre le gouvernement congolais, les rebelles tutsis et les milices Maï-Maï menacent la signature d'une trêve dans le Nord-Kivu qui doit clore la conférence de Goma.

Des responsables gouvernementaux et des diplomates ont annoncé lundi qu'après plus de deux semaines de négociations, les parties en conflit étaient tombées d'accord pour déclarer un cessez-le-feu avec effet immédiat et mettre en place une zone-tampon surveillée par l'Onu.

Le pacte, considéré par les observateurs étrangers comme une étape importante vers la paix dans l'est du Congo démocratique, devait être signé lors de la cérémonie de clôture de la conférence de paix de Goma, capitale du Nord-Kivu.

Mais Jean-Désiré Muiti, membre de la délégation représentant les rebelles tutsis du général Laurent Nkunda, a déclaré qu'il y avait un "sérieux problème avec le texte".

Il a expliqué que les rebelles avaient accepté de déposer leurs armes et de rejoindre les rangs d'une armée nationale ou de se démobiliser en échange d'une amnistie limitée, mais que le texte de l'accord avait été changé au cours de la nuit.

"Nous sommes arrivés ce matin, et nous avons trouvé un nouveau texte", a-t-il dit, en ajoutant que le gouvernement, au départ signataire du texte, ne prévoyait désormais plus que de parapher le document en tant qu'observateur.

Les responsables du gouvernement à Goma n'ont pu être joints dans l'immédiat.

Parallèlement, les délégués des Pareco (Patriotes résistants congolais), l'un des cinq groupes armés Maï-Maï qui doivent également signer l'accord, ont déclaré à des journalistes locaux qu'ils avaient été la cible de combattants de Nkunda mardi matin et menacent de ne pas signer le texte.

45.000 MORTS PAR MOIS

Au cours de l'année écoulée, les combats entre soldats gouvernementaux, miliciens locaux Maï-Maï et insurgés tutsis fidèles au général mutin Laurent Nkunda ont entraîné le déplacement de 400.000 civils.

D'après l'ONG International Rescue Committee (IRC), le conflit et la crise humanitaire qui l'a accompagné ont fait 5,4 millions de morts en une décennie, plus que n'importe quel autre conflit depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les combats, la maladie et la malnutrition tuent chaque mois 45.000 personnes en République démocratique du Congo, estime l'IRC dans une étude publiée mardi.

Les premières causes de mortalité dans le pays, aggravées par les combats, sont le paludisme, la dysenterie, la pneumonie et la malnutrition, montre l'enquête.

Cette étude a été conduite de janvier 2006 à avril 2007 auprès de 14.000 foyers dans l'ensemble des onze provinces du pays. Elle met à jour le précédent bilan de la guerre et ses conséquences qui s'élevait à 4 millions de morts.

L'IRC estime à 727.000 le nombre de personnes mortes en sus du seuil de mortalité habituel au cours de la période d'enquête. Les enfants de moins de cinq ans sont les plus touchés, près de la moitié de tous les décès, même s'ils représentent 19% de la population.

Selon Richard Brennan, un des auteurs de l'étude, le taux de mortalité du pays est supérieur de près de 60% à la moyenne de l'Afrique sub-saharienne.

Joe Bavier, version française Jean-Stéphane Brosse

REUTERS

Aucun commentaire: