lundi 14 janvier 2008

Goma - les communautés ethniques s'accusent mutuellement

Dominique Mukenza Goma

Emotions, passions, colère, rancoeurs mais aussi l'apaisement ! C'est le sentiment qui a marqué les déclarations de différentes communautés ethniques à la Conférence sur la paix, la sécurité et le développement dans les provinces du Nord et du Sud Kivu.

Après les communautés du Nord Kivu le vendredi 11 janvier, celles du Sud Kivu ont commencé le samedi et se sont succédés jusque dimanche dans l'avant-midi. Avant que les groupes armés ne prennent, à leur tour, le relais.

Quelques 14 délégués des ethnies du Nord Kivu (Hunde, Hutu, Kano, Mbuba, Nkumu, Nkusu, Mbuti, Nande, Nyanga etc ) se sont succédés à la tribune pour faire à tour de rôle la lecture des faits considérés comme générateurs de la crise qui sévit dans la province.

A cette occasion, certaines communautés dites minoritaires ont fustigé la gloutonnerie des Nande qui n'auraient aucun esprit de partage et qui voudraient accaparer tous les postes de responsabilité au sein de la province. La virulence des propos était telle qu'on s'est parfois demandé si un tel environnement pouvait favoriser la paix des coeurs et des esprits.

Accusés par plusieurs intervenants, les communautés rwandophones ont à leur tour pris la parole pour réitérer leurs inquiétudes au sujet du comportement de leurs compatriotes d'autres ethnies qui ne veulent pas reconnaître leur citoyenneté congolaise. Et ce, en plus de l' « exclusion » et de la « discrimination » dont elles se disent être toujours l'objet.

Contrairement à la réputation d'extrémistes qu'on leur a toujours collé, les Nande ont surpris l'auditoire en tenant des propos apaisants.

Sud Kivu : l'extrémisme au sommet !

Premiers à prendre la parole lors de la journée réservée aux communautés du Sud Kivu, les Bembe ont déversé toute leur colère sur leurs voisins directs avec qui ils partagent le territoire, les Banyamulenge.

Pour les Bembe, l'insécurité qui sévit dans la province est la conséquence du comportement de la communauté Banyamulenge qui cherche à s'implanter en violation des frontières héritées de la colonisation.

Ils s'opposent catégoriquement à une quelconque modification administrative des territoires.

Accusateurs accusés ! C'est le terme qu'il convient pour qualifier les réactions des communautés qui ont immédiatement succédé aux Bembe à la tribune pour livrer la quintessence de leurs messages. Il s'agit des Buyu et des Bwari qui ont dénoncé avec virulence le comportement des Bembe qu'ils accusent de vouloir écraser les minorités.

Les deux communautés ont, en outre, accusé les Bembe de vouloir s'emparer du patrimoine provincial et de nourrir des velléités expansionnistes.

Les Lega et Fuleri se sont aussi montrés très virulents à l'endroit des Banyamulenge.

Mais, d'autres communautés ont joué à l'apaisement en évitant d'enflammer la situation par souci de paix, principal objectif des présentes assises. Dans le lot, on trouve les Shi, Hutu de Kalehe, Havu, etc.

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Pointés comme principaux acteurs de l'insécurité ayant élu domicile au Kivu voici plus d'une décennie, les Banyamulenge ont endossé le costume de victimes en dénonçant les mauvais traitements dont ils seraient l'objet de la part de leurs frères qui persistent à leur contester la citoyenneté. Et ce, en dépit des réalités historiques et des textes légaux datant aussi bien de l'époque coloniale que post-coloniale, y compris la constitution actuellement en vigueur. «La question de notre nationalité n'est pas une question de faveur, mais de droit», a martelé le délégué des Banyamulenge Alexis Gisaro qui a par ailleurs tenu à souligner que «le refus de reconnaître Minembwe comme territoire consacrerait l'effacement total de la communauté Banyamulenge de la participation à la gestion de la chose publique».

Tous déterminés pour la paix

En dépit de la virulence et des accusations des uns et des autres à travers les messages de différentes communautés, un dénominateur commun se dégage : tous ou presque la totalité des intervenants ont exprime leur volonté d'en finir avec la violence pour faire la paix.

Le Phare (Kinshasa)

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