jeudi 24 janvier 2008

Paix et sécurité : après Goma, Kigali

Pas question de briser l’élan. Ni de s’arrêter en si bon chemin. Il faut continuer à cultiver cette dynamique de paix dans la région des Grands Lacs jusqu’au bout. La conférence de Goma a eu une dimension sous-régionale en s’attardant sur la présence des forces négatives étrangères. Il importe maintenant de parachever l’œuvre en imposant la même dynamique de cohabitation pacifique au Rwanda. Donc, résoudre définitivement la question des FDLR ou Interahamwe. Que les mêmes partenaires privilégiés qui ont sous-tendu la Conférence de Goma se tournent maintenant vers Kigali, capitale du Rwanda. Le prix à payer pour une paix durable dans la sous-région oblige.

Les lampions se sont éteints à Goma avec la Conférence sur la paix, la sécurité et le développement des provinces du Nord et Sud-Kivu.
Les résultats de ces assises qui se sont déroulées du 6 au 23 janvier sont connus de tous. Le plus important maintenant consiste à consolider ces acquis pour une paix effective et durable.
Cependant, la Conférence de Goma a eu une dimension sous-régionale. Ce qui justifie même toute cette attention accordée par la Communauté internationale dans la mesure où l’onde de choc des guerres en RDC est ressentie dans toute l’Afrique des Grands Lacs. En plus, dans les résolutions et recommandations qui ont été adoptées au terme de ces travaux, il a été demandé à la Communauté internationale d’apporter son concours pour le rapatriement des réfugiés et rebelles rwandais au Rwanda.

Notons qu’à deux reprises, en 1996 et 1998, pour des raisons sécuritaires, le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi ont agressé la République démocratique du Congo à la suite de la « présence menaçante » des FDLR ou Interahamwre en RDC. Bien plus, pour justifier son insurrection, le général dissident Nkunda a pris des armes aux fins de « combattre les forces négatives étrangères présentes au Kivu ».

C’est dire qu’on ne peut consolider les acquis de Goma en se contentant seulement d’une loi d’amnistie et d’un cessez-le-feu, jusque là précaire. Mais de s’appesantir maintenant sur la dimension externe, mieux les causes exogènes qui ont soutenu les conflits armés en RDC. Aujourd’hui et maintenant, il importe de se pencher sérieusement sur le cas des « Forces négatives étrangères », principalement les rebelles rwandais ou interahamwe. Ce qui nécessite l’ouverture d’une session de discussions ou de négociations, c’est selon, à Kigali dans le but de parvenir aux mêmes résultats que ceux déjà enregistrés en RDC et au Burundi.
C’est-à-dire, la tenue du Dialogue intercongolais, dialogue inter-burundais, et tout récemment la Conférence de Goma.

EST-RDC - MOYEN ORIENT : DES SIMILITUDES

Les questions sécuritaires sont à la base de ces interminables valses diplomatiques qui ont permis l’organisation du Dialogue intercongolais et la Conférence de Goma. Accusés d’être la cause principale de cette menace à l’endroit du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi, de par la présence des «génocidaires » sur leur sol ; les Congolais se sont fait violence par deux fois : à Sun City et à Goma pendant que les burundais se rendaient à Dar-es Salaam. Aujourd’hui qu’il y a une lueur d’espoir de paix à l’horizon, il faut consolider cet acquis.

Certes, le Rwanda comme Israël peuvent prétendre qu’ils n’accusent pas de problèmes particuliers au plan interne. Il n’y a ni trouble ni instabilité des institutions. Mais le Rwanda comme Israël sont en état permanent d’alerte, redoutant des actes d’incursion de la part des Interahamwe, pour le Rwanda, les extrémistes palestiniens pour Israël. La RDC comme le Liban paient alors la facture de cette situation faite de tension.

Raison pour laquelle la Communauté internationale s’est mobilisée depuis de nombreuses années afin de ramener la paix au Moyen Orient. D’où cette navette diplomatique de ce mois de janvier avec les voyages de George W. Bush et Nicolas Sarkozy dans cette partie du monde.
Le même effort doit être fourni en direction de l’ Afrique des Grands Lacs dans la perspective d’une paix durable. Les Interhamwe sont une réalité. A Goma, il a été décidé qu’ils soient rapatriés au Rwanda : ce que les FDLR réclament également. Mais Kigali a-t-il pris toutes les dispositions pour les accueillir ? La Communauté internationale encourage-t-elle cette volonté de rapatriement des Interahamwe ?

Cette question colle à la peau des Congolais comme une sangsue. Le moment est venu de se reporter courageusement et correctement sur la genèse des Interahamwe, une vraie réalité rwandaise et non congolaise, dans le but de dégager rapidement une solution durable de leur retour dans leur pays. Car, tant que les Interahamwe n’auront pas quitté la RDC, et non les délocaliser à intérieur du territoire national, l’esprit de Goma sera torpillé et ils serviront toujours de « fonds de commerce aux pyromanes ». Autant aller maintenant au fond du problème avec cette perche tendue par la Conférence de Goma. Car, il s’agit réellement d’une question de fond pour la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs. Peu importe la formule qui sera adoptée. Mais la prochaine étape doit être Kigali dans le but uniquement d’amener le Rwanda à faire preuve de plus de courage politique pour tourner définitivement une page douloureuse de l’histoire. De panser ces plaies en vue de ne plus revivre les mêmes horreurs. De se libérer de la peur et des préjugés de manière à éviter la spirale des atrocités.

REDYNAMISER LA DIPLOMATIE CONGOLAISE

Il est un fait que dans cette étape, il revient aux Congolais de bien se pénétrer de l’esprit de Goma pour donner une nouvelle impulsion à cette initiative. Question surtout de ne pas être taxés de complaisants, d’irresponsables politiques, de traîtres….
Cette tâche incombe aux Congolais pris à la gorge par cette histoire burlesque des forces négatives de faire accélérer le processus d’une solution définitive. Force est de prendre cette question à bras le corps pour le désarmement et le rapatriement des rebelles et réfugiés rwandais dans leur pays. Le souhait exprimé à Goma doit être concrétisé. En tous les cas, il ne doit pas rester sur le boulevard des vœux pieux. Ce qui n’apportera aucune solution satisfaisante aux difficultés des Congolais.

Dans cette perspective, la redynamisation de la diplomatie congolaise s’impose. Elle doit être soutenue par toutes les institutions nationales et un véritable lobby tous azimuts. Non pas seulement en terme d’intellectuels, mais financier dotée d’ une logistique conséquente en vue de faire la politique de nos ambitions légitimes, et être là et partout où se décide le sort ainsi que le devenir de la République démocratique du Congo.

L’Onu, l’Union européenne, l’Union africaine, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, les Etats-Unis doivent être saisis et mis à contribution dans les meilleurs délais. Qu’ils subissent également une pression comme l’ont fait les voisins quand il s’était agi de la sécurité de leurs Etats. Et ce parallèlement à l’application de l’Accord de Nairobi.
Cette démarche doit être également soutenue par des négociations directes avec Kigali en vue de balayer tout subterfuge qui obligerait les rebelles ou réfugiés rwandais à demeurer en République démocratique du Congo. Si par tergiversation politique découlant des agendas cachés, l’option d’un retour volontaire est retenue, les autorités congolaises doivent absolument exclure notre pays, la RDC, des pays d’asile. On anticiperait ainsi toute tentative de suspicion au risque de réveiller les vieux démons.
La question est d’une urgence sans faille pour une paix durable, surtout en République démocratique du Congo. Le moment est venu de sortir des vieux sentiers battus de l’apathie, de se départir de tout prétexte malicieux susceptible de continuer à nuire à la paix, à la sécurité, et de freiner le développement dans la région des Grands Lacs.

Par Le Potentiel

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