samedi 19 janvier 2008

Nord-Kivu (RDC): des dizaines de civils tués, les belligérants s'incriminent

Des dizaines de civils ont été tués depuis vendredi en marge de combats entre soldats insurgés et miliciens locaux au Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris samedi de sources locales et des belligérants, qui s'entre-accusent.

Le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le mouvement politico-militaire du chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda, et la coalition des Patriotes résistants congolais (Pareco), un groupe d'autodéfense regroupant des miliciens Maï Maï issus de différentes ethnies, se sont mutuellement accusés d'avoir massacré des civils.
Le CNDP a fait état d'une "vingtaine de morts" et les Pareco d'"au moins 30 tués", dans des déclarations à l'AFP.

De leur côté, les autorités locales ont affirmé à l'AFP qu'au total, une quarantaine de villageois avaient été tués par le CNDP près des localités de Nyamitaba et Kalonge, situées à plus de 60 km au nord-ouest de la capitale provinciale Goma.
Aucune source indépendante n'a confirmé ces bilans pour le moment.
La Mission de l'ONU en RDC (Monuc) a envoyé sur les lieux une patrouille de Casques bleus pour "vérifier ce qui s'est passé", a indiqué son porte-parole militaire à Goma, le Major Prem Tiwari.

"Le CNDP est en train de tuer les populations civiles dans les champs et dans des maisons (isolées) dans la brousse", a déclaré à l'AFP Emmanuel Munyamariba, chef de poste (administrateur civil) de Nyamitaba.
"Il y a 31 personnes (qui ont été) tuées vendredi et samedi à Kanzenze, près de Nyamitaba (...). A Kalonge (un village voisin), 12 personnes ont été tuées", a-t-il poursuivi.
Dans ces villages proches d'un des bastions de Nkunda dans le Masisi (Nord-Kivu), des affrontements ont opposé à plusieurs reprises ces derniers jours des éléments du CNDP et des Pareco, selon l'armée régulière.
"Nous nous demandons pourquoi le CNDP, qui a envoyé ses délégués à la conférence de paix, est en train de nous tuer ici", a ajouté M. Munyamariba, précisant que des villageois désespérés parcourraient encore les environs des villages pour "récupérer les corps" des civils abattus.
La conférence de paix réunit depuis le 6 janvier à Goma des élus, des membres des communautés ethniques, de la société civile et des délégués des groupes armés actifs au Nord-Kivu et au Sud-Kivu (dont CNDP et Pareco), dans le but de jeter les bases d'une "paix durable" et du développement dans la région.
"Les éléments du CNDP ont attaqué nos positions à Kalonge, Nyamitaba et Kashuga (localité voisine). Nous les avons repoussés et ils se sont rabattus sur les populations civiles. Il y a au moins 30 tués", a déclaré à l'AFP Sendungu Museveni, porte-parole des Pareco.
"C'est tout le contraire", a rétorqué le chef de la délégation du CNDP à la conférence, Kambasu Ngeze. "C'est Pareco qui a massacré la population civile. Nous déplorons une vingtaine de morts".
"Nyamitaba était le lieu de résidence du secrétaire général du CNDP. Il y a trois semaines, il a quitté Nyamitaba et le Pareco est venu tuer la population, essentiellement des membres de sa famille. Maintenant, nous nous organisons pour aller protéger les populations", a-t-il ajouté.
Les villages de la zone de Nyamitaba sont peuplés d'agriculteurs et d'éleveurs issus des groupes ethniques hutu, tutsi et hunde, dont des membres se retrouvent au sein des différents groupes armés de la région.
Le Nord-Kivu est depuis des mois le théâtre d'affrontements entre l'armée régulière et le CNDP, mais aussi d'accrochages impliquant des miliciens Maï Maï et des rebelles hutus rwandais.
Samedi, la conférence de paix a poursuivi ses travaux à Goma. Elle devrait s'achever lundi, avec l'annonce de recommandations aux autorités.

Par Par Albert KAMBALE AFP

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