mardi 26 février 2008

Un ministre pris en otage à Lubumbashi

Des tirs à l’arme automatique ont éclaté hier vers 16 heures 30 au niveau de la grande place de la Poste à Lubumbashi et plus précisément aux alentours du Park Hôtel. Il s’en est suivi une débandade générale parmi les vendeurs, badauds et autres passants qui fréquentent régulièrement cette place bien en vue dans la capitale cuprifère. Qui a tiré ces coups de feu ? Selon des témoins oculaires, ce sont des agents de la police dépêchés sur les lieux qui ont tiré en l’air pour disperser la foule des militants du parti UNAFEC/Kyungu rassemblés en ce lieu pour mettre la main sur un membre du gouvernement central en mission au Katanga et qui se trouve être le représentant au gouvernement du parti Unafec/Kisimba Ngoy.

Toujours selon ces mêmes témoins oculaires, c’est depuis tôt hier matin que l’on a vu se déployer des femmes et des hommes vociférant des menaces, scandant des slogans hostiles à Me Kisimba Ngoy et annonçant qu’ils allaient déloger le ministre des Affaires Foncières au plus tard vers 12 heures. Bien entendu, ces cris lancés à tue-tête à l’un des endroits les plus fréquentés de la capitale cuprifère a capté l’attention de toute la ville, à telle enseigne que tout le monde a pris la route du Park Hôtel pour vivre de près les événements considérés comme un véritable défi lancé à la fois contre l’autorité et les forces de l’ordre.
Présentes sur les lieux depuis 9 heures, les dites forces se sont longtemps contentées d’observer les militants de l’Unafec dont le nombre ne cessait de gonfler devant eux.
Pendant ce temps, le ministre des Affaires Foncières était bloqué dans sa chambre, protégé par les agents de ce ministère travaillant dans la capitale du cuivre et qui s’étaient présentés à l’hôtel dès les premières heures en vue de mettre la dernière main aux documents relatifs aux réunions que leur chef devait avoir dans la journée. On se demande ce qui serait arrivé si ces hommes n’avaient pas été là au moment où les premiers manifestants sont arrivés.

L’aile Kyungu attendait Kisimba Ngoy

Selon certaines sources, les supporters de Kyungu s’attendaient à une visite de Me Kisimba Ngoy et se seraient préparés depuis 48 heures pour le «corriger». A la place de Kisimba, c’est le ministre des Affaires foncières, Me KABUKAPWA qui a fait le déplacement de Lubumbashi pour une mission officielle du gouvernement de la République. Ce dernier, à leurs yeux aurait été envoyé en éclaireur pour préparer l’arrivée du bâtonnier Kisimba Ngoyi. Autrement dit, les commanditaires de ce coup savaient que c’est le ministre des Affaires Foncières qui se trouvait à Lubumbashi et non le bâtonnier Kisimba Ngoyi. Donc, c’est en âme et conscience que ce coup a été perpétré. Le crime de ce ministre, c’est le fait d’avoir été présenté par Kisimba Ngoyi sur la liste des candidats de l’UNAFEC au gouvernement.
Mais ce qui intrigue, c’est que dès le matin, les forces de la police locale pourtant alertées n’ont pas réagi avec fermeté face aux menaces de cette foule manifestement chauffée à blanc. De sorte que les manifestants se sont en quelque sorte sentis encouragés jusqu’au point de bloquer l’Hôtel, plaçant pratiquement tous ceux qui y résidaient en situation d’otages.
Dieu merci, ce sont des agents de la division provinciale des Affaires Foncières venus accueillir leur ministre qui, révoltés et scandalisés, ont formé une ceinture de sécurité devant sa chambre jusqu’aux environs de 16 heures 30 lorsque des éléments de la police dépêchés par le gouvernorat se sont mis à tirer des balles en l’air pour disperser la foule des manifestants. Fort heureusement, ,on n’a déploré jusque là aucun blessé ni mort tant au niveau du Park Hôtel que dans les communes périphériques de Kenya, Kamalondo et Katuba. Mais la tension était si forte que les véhicules ont évité d’emprunter cette place durant toute la journée d’hier. Selon notre correspondant local, hier dans la soirée le calme était revenu dans la capitale cuprifère. La question qui se pose à ce stade des débats est celle de savoir jusqu’où iront ces extrémistes et que ne pourront-ils pas se permettre le jour où la décentralisation, toujours mal comprise, deviendra une réalité? L’avenir du pays fait peur, surtout dans un contexte où il y a manifestement absence d’autorité de l’Etat.

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