jeudi 7 février 2008

INCERTITUDES POLITIQUES

Le Président Joseph Kabila Kabange lors de la Conférence de Goma. Quand alentour, la rumeur fait rage, au Palais, il se porte comme un charme. PHOTO LE SOFT NUMÉRIQUE.

Complot, qui en veut à Kabila?

MISE EN LIGNE 7 FÉVRIER | LE SOFT INERNATIONAL N°937 DATE 7 FÉVRIER.
Alors que le Kivu achève de se réconcilier avec lui-même et que JKK revient de Goma où il a fait triomphe, voilà que soudain, on le donne pour mort, tué par la maladie ou par une balle ennemie! Qui en veut à Kabila? Qui en veut au PPRD? Qui en veut à l’AMP? Qui en veut à la démocratie et à ses institutions naissantes et fragiles? Qui nous en veut?

De quelle origine est la rumeur qui a fait fureur, une semaine durant, dans la Capitale et dans le pays, et qui a fait monter au créneau, mardi soir, nerfs à vif, au siège du parti présidentiel, à Kinshasa, le premier bonze du PPRD, face à ses comités et ses lieutenants rassemblés et serrés comme un seul homme? Pince-sans-rire, Évariste Boshabe confirme au «Soft», indices à la main, le projet de putch. Un scientifique, spécialiste de la rumeur, théorise. Le coup du Tchad si proche peut avoir fait des émules et conduit certains à Kinshasa à... des anticipations. Occident, Pékin, sur le théâtre kinois, la guerre fait rage. Qui en veut à Kabila? Qui en veut au PPRD? Qui en veut à l’AMP, l’Alliance de la Majorité Présidentielle? Qui en veut à la démocratie et à ses institutions naissantes et fragiles? Qui nous en veut?

Alors que le Kivu achève de se réconcilier avec lui-même - à ce jour, certes, sur papier - et que Joseph Kabila Kabange revient d’un triomphe dans la ville de lave volcanique, voilà que soudain, on le donne pour mort, tué par la maladie - sans savoir laquelle - ou par une balle ennemie.

Les Britanniques qui ont diffusé une dépêche par Xinua, l’agence de presse Chine Nouvelle, faisant état d’une montée en puissance de leurs Boy’s en face au Congo-Brazza, en vue de parer à toute éventualité, et qu’un journal en ligne - qui trop loyalement affiche très clairement son identité - a reprise, ont-ils mis le feu aux poudres dans une opinion publique r-dcongolaise continuellement délaissée par les dirigeants publics, frappée par la complotite et qu’entretient fort bien celui que dans la Capitale, dans les hautes sphères du pouvoir d’État, on nomme «l’ennemi public n°1», à savoir, l’ancien Conseiller spécial du Léopard, Honoré Ngbanda Nzambo-ko-Azumba, en exil en France, et incroyablement en liberté de parole et ostensiblement dans les médias, et que ne peuvent contrarier, un système médias trop enfantin, inutilement divers pour ce jeu, et peu professionnel?

«RUMEUR INFONDEE».
La dépêche de Xinua est datée de 23 janvier. L’agence annonçait la signature à Brazzaville entre la République du Congo et le Royaume-Uni d’un accord «en vue du positionnement» à Brazzaville d’un contingent militaire de Sa Majesté chargé de secourir et d’évacuer, en cas de besoin, les ressortissants britanniques vivant dans la sous-région d’Afrique centrale, notamment à Kinshasa. Attaché de défense de l’ambassade britannique à Brazzaville, le lieutenant-colonel Thimothy Georges William Woodman, cité par Xinua, est précis: il invoque «la situation sécuritaire peu stable observée depuis un certain temps» en Rd-C. «Au regard de l’instabilité en R-dC, nous devons être capables d’évacuer rapidement nos compatriotes».

Et d’affirmer que cette démarche relève du devoir de son pays d’assurer la sécurité et la protection de ses citoyens en expatriation.

Aux Internautes de conclure: face à Kinshasa, il y a signe d’aveu d’impuissance de l’Occident. Selon la typologie des rumeurs enseignée dans les facultés de science de la communication, la rumeur kinoise du début février est classiquement une «rumeur infondée».

Hormis cette dépêche et généralement la campagne médiatique - à l’étranger, la R-dC n’a pas beaucoup bonne presse - il n’y a eu ni appel public quelconque à un soulèvement populaire, ni coup de feu à Kinshasa qui aurait été facteur d’inquiétude, à la base d’un début de peur panique conduisant à des anticipations quelconques. Rien, rien ne s’est passé. Alors que la rumeur s’enflait et pulvérisait tout, le Chef de l’État - de l’avis de tous - se portait comme un charme, au Palais.

De là, le coup de gueule d’Évariste Boshabe, Député et Secrétaire général du parti présidentiel, le PPRD. «J’ai reçu trop de coups de fil de nos militants et sympathisants. Je me devais de réagir. Alors, j’ai convoqué nos comités de base», nous dit-il mercredi au téléphone en début de soirée.

«Il y a très clairement complot, contre les Institutions démocratiques et contre la personne du Chef de l’État. Il ne s’agit pas seulement d’une rumeur; ils veulent attenter à la personne du Chef de l’État», nous dit-il, faisant état «d’un certain nombre d’indices» (qui permettent) «d’arriver à une conclusion».

LE TCHAD SI PROCHE.
Puis: «Sur le plan de la symbolique, lorsque quelqu’un ne peut vous valoir, il vous dénigre et, puis, dans un deuxième temps, il dévoile sa véritable pensée. Ils avaient commencé par le dénigrement, maintenant, ils passent à l’action. Mensonge, cabale, calomnie, c’est la suite de tout cela. Il ne s’agit pas d’une simple rumeur...»

«Nous avons été aux élections, le peuple a tranché; il a jeté son dévolu sur la personne de Joseph Kabila. Maintenant que, depuis quelques jours, les «cinq chantiers» deviennent réalité, ils passent à la vitesse supérieure. ils veulent éliminer le Chef de l’État».

On peut se surprendre que le patron du PPRD ait estimé devoir réagir de manière aussi musclée à une rumeur. À ceux qui jurent que cette rumeur a pris naissance, s’est enflée, s’est métastasée au point de créer un début de panique - dans les banques, des chambres de paiement se sont vidées comme un éclair et alors qu’on s’assurait qu’on avait pris soin de faire ses provisions face au tsunami annoncé - la communication d’État aurait pu réagir par une sortie rituelle du Chef de l’État. On aurait ainsi tordu le cou à l’insensé «bruit».

Il reste à être prudent: «Il y a assez d’indices...», pour conclure à une tentative de putsch, explique Boshabe. Un spécialiste de la rumeur, le recteur de l’IFASIC, Jean Chrétien Ekambo Duasenge, approuve la thèse d’une «rumeur infondée». Il livre ce qui, à ses yeux, est susceptible de «conduire à une rumeur sur l’état de santé du Chef de l’État».

«Des questions demeurées sans réponse», théorise le scientifique. Le Budget de l’État - jugé positif. Mais voilà que dès le lendemain de son vote, le pays assiste à une flambée des prix! La grève des enseignants, des médicaux et des paramédicaux. Elle s’est interrompue sur base des promesses.

Or, les fonctionnaires restent vigilants, ne font aucune confiance aux promesses faites. La guerre du Nord-Kivu: la bataille de Mushaki a-t-elle été gagnée par les FARDC ou, au contraire, par Nkunda? La Conférence de Goma: est-elle achevée ou non? Nkunda est-il amnistié ou non? Les commémorations des 16 et 17 janvier se sont déroulées comme des «veillées mortuaires, selon Ekambo, non comme des fêtes nationales». «Puisque l’opinion a toujours pensé que Laurent Désiré Kabila a été tué à cause du conflit de l’est, les gens ont spéculé sur la personne qui peut avoir un lien avec les Kivu, avec Nkunda, avec la Conférence inachevée de Goma. Et c’est le Chef de l’État».

Reste aussi que le coup du Tchad si proche peut avoir conduit certains à Kinshasa à... «espérer», faisant montre d’anticipation. Ou cette colère perceptible et grandissante de l’Occident face aux accords sino-congolais rendant la R-dC trop indépendante. Le coup de feu de Ndjamena n’a-t-il pas quelque odeur? Le pétrole tchadien donné au plus offrant - Total? Pékin? L’Arc de Zoé avec la condamnation des Français, vécue comme une arrogance face à Paris et une humiliation française.

Foutre la trouille à l’adversaire supposé fait partie de stratégie. Demain, Deby fera un peu plus attention.

T. MATOTU
lesoftonline.net

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